Du 14 au 15 septembre 2024, un atelier de formation s’est tenu à Gbadi-N’kougna, dans la commune de Wawa 2, marquant la création du Conseil Consultatif Communal des Enfants (CCCE). Cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet « Renforcement de la Voix des Femmes et Enfants Ruraux Marginalisés pour une Société Inclusive dans les communes Amou 3 et Wawa 2 au Togo ». Ce projet vise à offrir aux enfants un rôle actif dans les décisions communautaires les concernant, en leur donnant un espace d’expression structuré.
Les jeunes ont souvent des besoins spécifiques qui ne sont pas toujours bien identifiés par les adultes. Il est donc crucial de leur offrir un cadre où ils peuvent s’exprimer librement. L’atelier de deux jours a permis de travailler avec des enfants très motivés à participer au développement de leur communauté. La première journée a été marquée par des sessions interactives animées par un spécialiste, abordant les droits et devoirs des enfants, ainsi que la protection contre les abus et les mécanismes de signalement des violations. À travers des discussions, des jeux de rôle et des activités ludiques, les enfants ont assimilé ces notions fondamentales.
Le deuxième jour, en collaboration avec les autorités locales, notamment la commune, le CCCE a été officiellement créé. Six enfants (trois filles et trois garçons) ont été élus pour représenter leurs pairs. Ce conseil servira de plateforme où les enfants pourront exprimer leurs préoccupations, proposer des solutions aux défis locaux, et contribuer activement au développement de leur commune.
Pour les enfants de cette communauté rurale, c’est une initiative inédite. Ils ont exprimé le désir de bénéficier de davantage de formations pour renforcer leurs compétences et favoriser leur épanouissement. Ce n’est que le début d’un processus où ISCOME, avec ses partenaires, s’engage à promouvoir une meilleure inclusion des enfants dans la prise de décisions locales.
Prochain arrêt : la commune d’Amou 3, où un atelier similaire se tiendra la semaine prochaine pour prolonger cette dynamique.
Ce projet, soutenu par l’Ambassade d’Allemagne au Togo, témoigne de l’engagement continu en faveur de la protection et de la participation des enfants et des femmes dans les communes rurales, pour bâtir une société plus juste et équitable.
Au cours d’une visite ordinaire sur un domaine agricole de l’association ISCOME, nous avons été surpris de constater que, dans une brousse perdue au milieu de nulle part, il y avait une petite cabane. Il y a quelques elle n’existait pas. Curiosité aidant nous nous sommes dirigés vers la cabane pour faire la connaissance des maitres des lieux. Une fois sur place nous avons rencontré un monsieur assis sur un tabouret au milieu de la brousse accompagnée de ses deux fils (5 et 11 ans) en train d’arracher quelques touffes d’herbes.
Visiblement, ils venaient de s’installer à cet endroit, au beau milieu de la brousse, dans les champs. Le père essayait tant bien que mal de désherber une petite superficie pour avoir une cour. Nous étions en Août 2022. Soit un mois avant la rentrée des classes.
Très étonnés par cette situation, pas si anodine, c’est-à-dire rencontrer en pleine brousse, un homme âgé, marchant difficilement seul dans la brousse, avec deux enfants mais sans leur maman. Alors nous avons cherché à comprendre comment le monsieur et ses deux enfants se sont retrouvés à cet endroit où tout pouvait leur arriver sans que personne ne puisse leur venir au secours. C’est là que nous avons eu droit à un récit de vie très émouvant sur le parcours de ce monsieur et de ce qui l’a amené à se retrouver seul au beau milieu de la brousse.
En effet le monsieur s’appelle Koffi, il a aujourd’hui 62 ans. Il est titulaire d’un BEPC obtenu en 1982. Faute de moyens pour faire des études supérieures, il a quitté très tôt les bancs et a tenté sa vie en exerçant plusieurs boulots.Il a d’abord commencé par faire la cuisine. Il travaillait comme cuisiner quand un bon matin on lui fait savoir qu’il doit se chercher une place ailleurs. Il se retrouve par la force des choses à devoir apprendre la mécanique automobile (avec un CFA obtenue en 1986) et ensuite magasinier. Mais là aussi les choses ne s’améliorent pas pour monsieur Koffi qui s’enfonce dans la misère. Finalement il choisit d’embrasser la carrière d’enseignant étant donné qu’il donnait des cours de répétition pour gagner quelques sous. Passionné également par la transmission des connaissances il choisi sans trop hésiter à embrasser la carrière enseignante lorsque l’occasion se présenta à lui
C’est ainsi qu’il entra en 1989 dans l’enseignement, notamment dans l’enseignement privé. A l’époque, le phénomène des écoles primaires venait de voir le jour dans notre pays, et on y rencontrait de plus en plus d’école privé à Lomé. Les premiers enseignants nourrissaient un grand espoir que leur situation allait s’améliorer avec le temps. Alors c’est avec beaucoup d’espoir que monsieur Koffi commence donc à enseigner dans les écoles privées de Lomé avec un salaire mensuel de 15 000 FCFA. Pour s’améliorer Monsieur se forme au métier de l’enseignement et obtient le CEAP (Certificat Elémentaire d’aptitude pédagogique) en 1995 puis le CAP (Certificat d’aptitude pédagogique) en 1999.
Avec ce dernier diplôme en poche, Monsieur Koffi rêve d’une amélioration de ses conditions de vie et espère vivre de son métier tant aimé. Mais malheureusement ses différents employeurs d’école privée lui promettent à chaque rentrée scolaire d’améliorer son traitement. Ce qui n’est jamais fait. Malgré tout il gardait espoir qu’un jour les choses changeraient positivement et qu’un fondateur bienveillant l’encouragerait avec un salaire conséquent en tenant compte de son diplôme du CAP et surtout de son dévouement pour transmettre le savoir. Sans oublier le fait qu’il était à Lomé et qu’avec mois de 35 000 francs comme salaire pour trente jours de boulot intense c’était impossible de vivre.
Malheureusement les choses n’ont jamais changé pour Monsieur Koffi Epuisé de servir les autres sans aucune forme de reconnaissance, il choisit en 2012 de fonder lui-même sa propre école. Sans grandes ressources, il parvient à trouver un site à Agoe Nyive-Gnamassigan pour abriter le PARC DES PRINCES, le nom de son école.
Au début, il parvient à recruter des collègues enseignants et à convaincre plusieurs familles à choisir le PARC DES PRINCES pour leurs enfants.
Les premières expériences furent prometteuses et laissaient entrevoir un bel avenir pour le prometteur qu’il était. Mais c’était sans compter sur l’impact de la concurrence, la concurrence déloyale il faut bien le préciser. A la quatrième année, trois écoles viennent s’installer dans le voisinage immédiat de son établissement avec des frais de scolarité largement inférieur au sien. Conséquence immédiate, le PARC DES PRINCES perd les deux tiers de son effectif en une année.
Monsieur Koffi se retrouve avec des dettes ! Pour sauver sa tête, il est contraint de fermer l’établissement scolaire.Ne pouvant rester sans rien faire, il choisit de retourner servir dans une école privée en tant que directeur mais avec 35 000 FcFCA.Il y exerça jusqu’en 2022. Comme dans la majorité des cas avec les privées, durant les vacances, il n’y a pas de salaires. Et dans ces conditions difficiles de payer le loyer, de s’occuper des enfants et autres.Incapable de payer le loyer, Monsieur Koffi a été mis à la porte par son bailleur qui ne voulait point attendre la reprise des cours pour percevoir son loyer. Excédé par ses 33 ans de galère dans l’enseignement, las de devoir supporter les humiliations, fatigué par le sort que la vie lui a réservé jusqu’alors, il a saisi une occasion qui s’offrait à lui, quitte à sacrifier l’avenir de ses enfants.
En effet, une bonne volonté ayant remarqué la misère dans laquelle il végétait avec ses enfants lui a proposé d’aller s’installer sur une portion de terre et de payer lorsqu’il aura les moyens. Le seul grand inconvénient est que c’est un milieu très reculé et qui n’est pas habité. Pas d’eau et inutile de parler de l’électricité.
Sans ressources, monsieur KOFFI a plié ses bagages en une nuit et a atterri avec ses deux enfants au milieu de nulle part. Ils étaient à leur septième jour lorsque l’équipe d’ISCOME a constaté leur présence non loin de son site situé à une vingtaine de kilomètre de Tsévié. ISCOME a fait dans un premier temps ce qu’il fallait faire pour que les enfants reprennent les cours. Ensuite de commun accord avec Monsieur Koffi, nous avons proposé évoquer son cas par ce petit récit afin de toucher certaines personnes qui désirent faire parler leur cœur. Présentement, Monsieur KOFFI vit toujours en cet endroit. Vraiment le lieu n’est pas propice pour lui par rapport à son âge et ses deux enfants. Ils sont trop isolés des autres villageois et si un malheur leur arrivait, ce serait très difficile de les sauver. Il faudrait aménager vraiment leur milieu pour éloigner les reptiles qui sont la première menace ensuite de l’eau et de petits panneaux solaires pour aider en attendant.
Monsieur KOFFI demande un soutien peu importe sa nature. Il pourrait prendre la forme d’un appui pour une activité en élevage de poule locales, un petit parrainage pour ses deux enfants afin de leur donner la chance de fréquenter, bref une aide à eux.
La cabane de koffi vue de loinLa cabane de la famille KoffiAvec monsieur KoffiSource d’eau où la famille s’approvisionne en eauAvec la famille KoffiLa cour de Monsieur KoffiProjet d’élevage traditionnel de Monsieur KoffiFils ainé de Koffi en classe de 5èmecadet de Koffi en classe de cp2